Au début du mois de mai 2020, on comptait en France 5,858 millions de demandeurs d’emploi de catégories A, B et C (hors Mayotte). Les dépenses de consommation des ménages ont chuté de 6,1 %, tandis que l’investissement s’est effondré de près de 12 %. La violence du décrochage s’explique essentiellement par la faiblesse de la demande interne. Les prévisions économiques donnent un recul de 11 % du produit intérieur brut en France en 2020 et des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires.
Le gouvernement Macron-Philippe s’est montré incapable de faire face et n’a pas choisi la bonne stratégie. Les seules mesures prises par le gouvernement, pourtant nécessaires, d’aide à la trésorerie et la garantie de prêts pour les entreprises ne pourront suffire. Pour investir, en effet, il faut que les entreprises aient de bonnes raisons de croire qu’il existera un marché offrant un retour sur investissement acceptable. Or ce n’est pas le cas puisque la consommation baisse fortement. D’énormes sommes d’argent public ont pourtant été mobilisées (460 milliards d’euros au 11 juin 2020), qui risquent de l’être largement en pure perte.
LA RELANCE PAR L’EMPLOI
L’élément central du raisonnement que nous proposons est d’ordre politique et constitutionnel : allons-nous encore accepter longtemps que la Constitution française soit bafouée sur l’un de ses fondements, issu du Conseil national de la Résistance : le droit constitutionnel à l’emploi ? L’enjeu majeur de la période, si nous voulons éviter un effondrement, est de créer ce droit dans la réalité, pas simplement sur du papier. Autrement dit, faire que l’État joue son rôle en devenant l’employeur en dernier ressort. Evidemment, ces sept millions de privés d’emploi ne deviendraient pas fonctionnaires !
Pour faire face, une relance par l’emploi est nécessaire en appliquant le droit constitutionnel à l’emploi (alinéa 5 du Préambule de notre Constitution). Le droit opposable à l’emploi que nous proposons ressemble au droit opposable à la scolarité pour les enfants et le droit aux soins. Qui d’autre que l’État peut garantir ces droits à chacune et à chacun ? Il constituera une formidable relance par l’emploi, susceptible de surmonter les catastrophes sociales, économiques et environnementales qui se profilent après la catastrophe sanitaire.
Toutefois, cette révolution juridique et sociale ne sera possible qu’à la condition de suspendre l’application, en France, des articles des traités européens qui empêchent la réalisation de cette épopée, et ceci pour deux raisons.
D’abord, c’est vrai, le plus simple serait de sortir unilatéralement et immédiatement de l’euro et de l’Union européenne pour retrouver les moyens de résoudre la question du chômage (sans passer par le piège de l’article 50). Toutefois, il ne saurait être question de faire comme Monsieur Macron et son gouvernement : passer en force et imposer des réformes rejetées par la population. Car la sortie de l’euro et de l’Union européenne, en l’état actuel des choses, n’est pas encore majoritaire dans notre pays. Il faut d’abord convaincre et gagner le cœur et l’esprit d’une majorité de Français avant de pouvoir mener une telle politique. À moins de s’engager dans une voie dictatoriale…
Ensuite, la sortie de l’euro et de l’Union européenne n’est pas une religion qui s’opposerait à une autre religion, celle de l’européisme. La sortie de l’euro et de l’Union européenne n’est pas en but en soi, elle est un moyen de reconquérir notre souveraineté afin de résoudre des questions aussi cruciales que celle du chômage.
Par conséquent, tout ce qui permet de faire bouger les lignes et d’avancer dans cette direction est bon à prendre. Une majorité peut se retrouver sur une base pragmatique et non idéologique, pour mettre entre parenthèse les articles des traités européens inadaptés à la période. Le Conseil européen lui-même, dans un communiqué du 20 mai 2020 l’a reconnu. Cette proposition, bien entendu, serait soumise à référendum.
Ensuite, à la lumière de l’expérience, les cartes seraient rebattues…
Sommaire
1- Reconnaissance effective du droit constitutionnel à l’emploi
2- Mise en œuvre du droit opposable à l’emploi dans les zones d’emploi et les bassins de vie, territoires de la démocratie directe
3- Une politique de l’emploi fondée sur la substitution aux importations
4- Un pour dix, dix pour un, vote d’une loi de réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire
5- Reconstruire un droit du travail protecteur pour tous les travailleurs
6- Suspension de l’application en France des articles des traités européens qui empêchent de supprimer le chômage et là précarité
7- Mobiliser la Banque de France pour qu’elle participe au redressement social, économique et environnemental
Retrouvez la feuille de route complète du ministère du Travail et de l’Emploi dans le document ci-dessus, signé par Jacques Nikonoff.